« …Les artistes comme Debesh Goswami se doivent, à côté des constructions plus collectives qui font indéniablement partie des dynamiques culturelles d’aujourd‘hui, de proposer une vision et un mode de travail qui redistribuent les tâches entre les formes les plus diverses d’expression qu’elles soient celles des masses ou celles moins diffuses des spécialistes des signes esthétiques. ....
Debesh Goswami nous propose une forme aussi étrangère à notre regard et pourtant si familièrement vivante. Là encore nous sommes aidés dans le décryptage de ces enchevêtrements par les quelques images d’As you like 2006 où le performer nous invite à ne pas sombrer dans une contemplation de la pure forme, comme le ferait John Coplans avec ses vues rapprochées de son corps exposé à l’objectif photographique et à ses cadrages arbitraires. Yogalava/Académie suggère que l’école des formes soit aussi une école de vie ou tout du moins une interrogation sur l’espace intermédiaire entre ces deux disciplines. La césure entre l’art et la nature, entre le corps et l’esprit ne passe pas par le même endroit, par les mêmes configurations d’un côté de l’Indus et de l’autre. Un fois encore Debesh Goswami essaie de produire une image qui coure au long de cette frontière flexible."
Extrait "Le dépassement de la problématique de l’art et de la pratique des rites" par Jean-Marc Poinsot , Art historian, catalogue "Debesh Goswami", exposition 2008, Galerie Oniris, Rennes, France.
....."De jeune artiste qui a assimilé les formats les plus contemporains de l'image, comme Debesh Goswami, questionnent l'inde à partir de la boîte à outils qu'ont formée les avant-gardes des années 1960 et 1970. Ainsi les matériaux subtils et les références organiques de Debesh Goswami entrecroisent le minimalisme américain (notamment la fragilité des compositions d'un Keith Sonnier) et les formes modestes de la vie nue. Ces signes d'indianité, ne sont-ils pas finalement pas le Grand Autre des artistes indiens, la force impalpable, impossible à mettre en formes, à la quelle ils adressent les formes qu'ils tracent? Si le surréalisme voyait dans l'inconscient l'altérité absolue, dans la lignée du verbe rimbaldien ("Je est un autre"), le Grand Autre indien est à chercher en lui- même."
Extrait " Passage de l'Inde" par Nicolas Bourriaud, Art historian, catalogue "India", exposition 2007, Musée d'Art Moderne. Moscou Russie.
"On découvre une ligne ondulante de bouteilles transparentes, bouchées de liège clair, irrégulièrement remplies de cidre ocre rouge et réparties symétriquement. Soit une double vague immobile, d’où naissent un effet de mouvement, une idée de mer. En plus, une présence, née de l’étirement de la ligne et une chaleur, venue de la boisson colorée. De longue date, l’idée de passage, du temps qui fuit se situe au cœur de la pensée bretonne ; tout porte à croire qu’elle relève autant de la réflexion orientale, de l’esprit de la Védânta.
Voilà ce qu’exprime Debesh Goswami, un artiste de quarante ans arrivé d’Inde, un sculpteur bengali bien connu à Rennes ou à Paris, depuis plus d’une décennie. Son travail vise à « rendre visible ce qui est invisible » ; c’est ici le cas, pour renforcer le propos, il ajoute une « anecdote de vie », l’adaptation régionale de Diving, une œuvre.... . Bien que l’affaire soit double, l’idée est unique : une présence mobile, un déplacement. Et la méditation s’engage, autour de la notion moins de voyage que de transformation. La fragilité, l’éphémère des éléments retenus la soutiennent : la pâte cuite durcit, la farine perd son éclat, le cidre s’altère, se trouble, moisit. Ici, l’aliment annonce un concept, quand en cuisine le produit devient un met. Oui, il est un temps pour chaque chose; nous le savons compté. D. Goswami nous invite à profiter de l’instant et de ses offres, cérébrales ici et là gustatives."
Extraite " La plongée dans le paysage breton" par René Le Bihan, Conservateur de musée de Brest,catalogue, exposition 2006 Renne
Pour Debesh GOSWAMI , le moule est en somme toujours présent, toujours à l'oeuvre, persistant. Ainsi l'oeuvre n'épuise-t-elle pas sa forme, à la différence de l'objet technique qui finit toujours par constituer une réponse adéquate à son projet...... .l'espace et le temps demeureraient continûment l'un dans l'autre, permettant à une pratique réputée spatiale comme la sculpture d'accueillir la temporalitéce non comme ce qui l'userait, la détruirait ou viendrait à bout d'elle, mais comme sa promesse ( d'où la valeur donnée au temporaire des tapis de briques pilées dans la pratique de M. Goswami), de même le visible est passage pour l'invisibleen ce sens: " l'invisible n'est qu'un état passager, le jour devient passage quand la nuit arrive(...). L'invisible est le négatif du visible".
Extrait par Pierre-Damien Huyghe, Professeur, Université Paris I. 2001
"Le corps s’accompagne, s’entoure ou se revêt des objets et matières qui montrent de la manière la plus simple les moyens et rituels propres à l’accomplissement du projet spiritual. Krishnamurti enseignait que la principale qualité de l'artiste ne résidait pas dans l'habileté de son travail, mais dans son état d'éveil, qui le rend attentif à la chaine sans fin de causes et d'effets. Parce que l'effet devient la cause qui engendre un nouvel effet et ainsi de suite...Dans un mouvement continu et l'adaptation à de nouveaux moyens artistiques, au plus près des coutumes locales, avec la conscience des traditions et de l'histoire, la pratique artistique de Debesh Goswami tisse les liens entre passé et présent, éternité et éphémère......donc le temps conditionne tout le travail de Debesh Goswami , le spectateur doit prendre le sien pour le comprendre au delà de l'évidence première des images. La simplicité transcende les différences culturelles; les symboliques dont elle est porteuse permettent au spectateur (même breton), de puiser des significations.Konrad Fiedler écrivait que, l'essence de l'art peut être réduite au fond à une formule très simple: élever la conscience intuitive de son état d'obscurité et d'involution à un état de clarté et de détermination".
Extrait "Un lieu nommé corps"par Anne Kerdraon, professeur honoraire à l'université Rennes 2, catalogue "Un lieu nommé corps", exposition 2008, Galerie Helene Lamarque, Paris.
"Fréquemment, ses installations combinent la dispersion de granules avec la echnique plus graphique du pochoir Cependant, au lieu de représenter une entité, il dépose un résidu autour des formes découpées, traçant.ainsi les limites entre présence et absence.Ici,la forme et le vide sont inversés : la réalité ironique inhérente au pochoir ne fait que renforcer le message mystique du prajnaparamita (La forme n’ est autre que la vacuité ;) ; De telles installations illustrent la présence de l’homme sur terre qui, avec seulement un passage éphémère laisse son empreinte son empreinte sur tout ce qui suivra .L’artiste lui-même devient objet de sa propre création. Allongée sur le sol, sa silhouette bloque le nuage de poussière de brique qui se dépose en une pellicule fine autour de lui. Lorsqu’il relève un bras, il ponctue la scène en exposant un peu du sol bleu pale qui avait été couvert par son propre corps. Le spectateur qui le regarde en bas a l’impression qu’il regarde en fait vers le ciel. La posture particulière de la figure tombée lui donne l’impression d’être prêt à rebondir, comme suggère le titre Emancipation. Est-ce un l’envers, anéantissant la chute originelle de l’homme ?"
Extrait " L’espace du milieu: paysages du corps et nature morte"par Deborah Jenner, professeur , Critique d'art , Paris, catalogue "Un lieu nommé corps", exposition 2008, Galerie Helene Lamarque, Paris.
"Le Musée national a endossé la responsabilité d'arranger une exposition de sculptures par Debesh Goswami appelé l'ambiance qui reflète l'intérêt de l'artiste avec la nature et la végétation.Ce que je pourrais rassembler des reproductions de ses travaux est que l'objectif principal de l'artiste semble être une sorte de transformation du monde naturel passager dans une forme et une idée, qui transmet un sentiment au-delà de la réalité. L'artiste essaye de révéler la nature passagère d'existence et l'identité, les présenter comme, mais un fragment d'un voyage infini, comme les manifestations passagères et éphémères de la vie éternelle. En même temps, il incarne les lois d'évolution et la régénération. L'utilisation de branches évoque le sentiment de corps fragmentés - le transitoire, l'éphémère, mais l'utilisation d'un autre matériel suggère la transformation et arrête l'évolution et donne ainsi la signification aux formes.Le déplacement de l'écorce extérieure de la branche et de la révélation du cœur intérieur indique les manifestations extérieures et intérieures d'existence. Ces fragmentations donnent aussi les allusions de la vie en exil et une pause d'origines culturelles. Ceux-ci, les travaux de Debesh révèlent un monde complexe d'une personne créatrice qui négocie une existence entre l'origine et l'exil et la coupure et éternel."
Extrait " L'ambiance de Goswami :L'éternel et transitoire"par, Abul Mansur , Prof d'Université Chittagong, catalogue " ambiance", Bangladesh National Museum, Dhaka, Bangladesh.
"Ce que l’œuvre de Debesh Goswami révèle c’est justement cela, un temps suspendu, où s’ éprouve la perception de cette harmonie préétablie, dans l’inter-corporéité,sur la surface infra mince où s’impriment les différents moulages, positifs et négatifs, les formes et vide s’inscrivent virtuellement, comme sur une surface invisible, les formes du temps. C’est un pont entre la matière visible et ses métamorphoses possibles. Le pont n’est pas à sens unique. Les mouvements se font dans les deux sens ; passé futur, futur passé. Debesh Goswami nous permet d’accéder au sentiment du provisoire, de l’impermanence, du fragile et de mieux voir, de mieux sentir le temps des métamorphoses ; au-delà des illusions de maîtrise et de pouvoir."
Extrait " Les métamorphoses du temps " par Pierre Maxime Jedryka, Critique d'art, catalogue. Trois métamorphoses, Peter Briggs, Debesh Goswami et Naoyuki Kanahyo, Joué-les-Tours, France.exposition 1999
" L'œuvre est très évocatrice, aussi bien moderne que d'art contemporain de France ainsi que d'Inde qui partage l'histoire des colonisés et des coloniaux. En tant que conservateur et écrivain de Cloak and Dagger, l'époque fictive de l'Inde, actuellement à l'affiche au Zuzeum Art Centre, Riga, Lettonie, il était important pour moi de fournir une perspective valable des privilégiés et des marginalisés en considérant à la fois la relation à la richesse et population, qui est, de plus en plus, un lieu d'intervention militante dans ses crises dans l'ordre libéral mondial. J'ai immédiatement mandaté Goswami et j'ai été ravi de recevoir sa proposition qui offrait un discours non didactique de médiation historique entre l'Europe et le reste du monde.
Extrait par Shaheen Merali, conservateur, écrivain. Londres, catalogue "" Cloak and Dagger, les temps fictifs de l'Inde"", exposition, Zuzeum Art Centre, Riga, Latvia 2021.